Les furettes en chaleurs, l'aplasie médullaire et l'implant

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Les furettes en chaleurs, l'aplasie médullaire et l'implant

Messagepar titounette » 12 juin 2017, 19:03

LES FURETTES EN CHALEURS

Voici un petit rappel puisque nous sommes en pleine période de chaleurs et rut.

Quand une furette tombe en chaleurs, il n’est pas toujours facile de savoir ce qu’il faut faire. Les avis divergent. Stérilisation par chirurgie ou par implant ? Risque de maladie des surrénales ou d’aplasie médullaire. Que faire ?
Ce topo vous permettra, j’espère, d’y voir plus clair.

Déjà il nous faut différencier 2 cas : les furettes dont on connaît la date du début des chaleurs et celles dont on ne connaît pas cette date.

Pour les furettes dont on connaît la date du début des chaleurs, on peut choisir entre :
- La stérilisation par chirurgie (ovario-hystérectomie de préférence à l’ovariectomie)
- L’implant hormonal (le petit de 4,7mg, jamais le 9,4mg ! Trop dangereux) avec infiniment de précautions

Pour les furettes dont on ne connaît pas la date du début des chaleurs et qui sont donc peut-être en chaleurs avancées, il n’y a aucun choix possible, seule la stérilisation par chirurgie est envisageable.

Oui mais pourquoi ? qu’est-ce que les chaleurs « avancées » ? Voici ces réponses !


LES CHALEURS CHEZ LES FURETTES
Elles se déclenchent généralement entre janvier et juillet, parfois avant, parfois après. Elles arrivent dès la puberté (à partir de 6 mois, très très rarement avant).

Les chaleurs se caractérisent par une augmentation de la taille de la vulve chez la furette. Quand la furette n’est pas en chaleurs, sa vulve ne se voit quasiment pas, elle est complètement rétractée et fait juste la taille d’une tête d’épingle. Elle enfle d’un coup en 24h quand les chaleurs se déclenchent. Cela veut dire qu’elle a son cycle hormonal et qu’elle va être prête à reproduire.

Le souci c’est que chez les furettes il n’y a pas de cycle hormonal réel comme chez les autres femelles mammifères qui ont leurs chaleurs (la période où elles sont fécondes et sont excitées sexuellement), puis si elles ne sont pas saillies, elles ont leurs menstruations (pertes de sang dues aux « règles ») puis elles redeviennent non fécondent et quelques mois plus tard ça recommence. Chez les furettes ça n’est pas le cas. Elles restent en chaleurs jusqu’à temps qu’elles soient saillies ou stérilisées, et leurs hormones ne font qu’augmenter, indéfiniment et cela devient très vite dangereux pour elles.

Vulve de furette en chaleur :

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LES CHALEURS AVANCÉES
Ce sont des chaleurs de plus de 10 jours et jusqu’à ce que les symptômes plus importants se déclenchent. Alors, on peut mettre un mot et un nom de maladie dessus : l’aplasie médullaire. En gros, les chaleurs avancées c’est la période pendant laquelle la furette a une grosse bombe à retardement dans le ventre, car l’aplasie médullaire peut se déclencher du jour au lendemain (véridique, vu et confirmé) sur une furette en chaleurs depuis plus de 30 jours (vulve non rétractée et donc enflée).



L’APLASIE MÉDULLAIRE

C’est la maladie qui apparaît à cause des chaleurs, si la furette n’est ni saillie ni stérilisée à temps.

L’aplasie médullaire est une maladie de la moelle osseuse (c’est ce qui fabrique les globules rouges, ce qui transporte l’oxygène et les nutriments dans le sang vers tout le corps et tous les organes – sans globule rouge, c’est la mort). En fait l’aplasie est due à un empoisonnement par les œstrogènes. Ce sont les hormones que la furette produit quand elle est en chaleurs, pour pouvoir avoir des bébés.

Normalement, chez les mammifères, ces hormones sont produites en suivant une courbe qui augmente jusqu’à l’ovulation ou l’accouplement et redescend ensuite, qu’il y ait eu accouplement ou non. C’est pour ça que toutes les femelles mammifères ne sont fécondes que quelques jours par an et pas toute l’année. Mais chez les furettes ce taux d’hormones ne fait qu’augmenter et ne s’arrête jamais sauf s’il y a accouplement.

A force les œstrogènes vont détruire la moelle osseuse des furettes et elles vont s’anémier. La moelle osseuse va ensuite complètement cesser de fonctionner et forcément, elles mourront. L’aplasie médullaire peut se déclencher dès la fin du 1er mois de chaleurs (c’est pour ça qu’on dit qu’il faut stériliser une furette à maximum 15 jours de chaleurs - ou la faire saillir - car il faut environ 2 semaines pour que le taux d’œstrogènes descende dans le sang et redevienne normal et non dangereux).

Morrigan, furette trouvée et recueillie par l’association en état de chaleurs avancées.
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Kyra, furette de 2 ans, non stérilisée :
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Symptômes de l’aplasie médullaire :
- La vulve de la furette est grosse (forcément elle est en chaleurs généralement)
- La furette n’a plus de poil à certains endroits (souvent sur les épaules et les fesses), ça n’est pas comme une mue où les poils sont courts, là il n’y a plus de poil du tout, la peau est nue sur ces endroits. Plus la furette sera en aplasie, plus elle sera nue. Donc si la furette est toute nue, c’est très très grave.
- La furette a les gencives pâles (pas d’un beau rose comme habituellement, mais plutôt blanches).
- Elle est apathique (faible) : là c’est à un stade très avancé.

Les différents stades de l’aplasie :
- Au début, la furette perd ses poils mais va bien.
- Puis elle perd de plus en plus de poils et s’affaiblit.
- Quand elle est toute nue et que les gencives sont blanches, et qu’elle est faible (ne se lève plus), elle est à un stade critique, sa vie est en danger, elle n’en a plus que pour quelques jours à vivre.

Le traitement de l’aplasie :
- Stériliser la furette par CHIRURGIE le plus rapidement possible – c’est vraiment une course contre la montre quand on se rend compte que la furette est en aplasie car c’est une maladie totalement imprévisible où la bête peut mourir du jour au lendemain.

Il faut faire pratiquer une ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l’utérus) par un vétérinaire compétent et sous anesthésie gazeuse impérativement. Dans cet état, une anesthésie fixe (par injection) la tuerait à coup sur. Seule la stérilisation par chirurgie fera baisser le taux d’œstrogènes le plus rapidement possible, l’implant ne fera que de le faire augmenter encore et a plus de chance de tuer la bête que de la sauver.

- Faire un dosage d’hématocrite grâce à un prélèvement sanguin. Suivant le dosage le vétérinaire pourra adapter son traitement.
Si le taux d’hématocrite est à 50 ou plus, tout va bien, la furette va s’en sortir grâce à la stérilisation.
Taux entre 40 et 50 : il faudra la surveiller et lui donner une alimentation riche en vitamines et minéraux pour la requinquer rapidement.
Taux entre 25 et 40 : une transfusion sanguine (de sang de furet ou de chien) sera nécessaire pour sauver la furette. La transfusion lui permettra de re-nourrir son corps (grâce aux globules rouges tout neufs contenus dedans), le temps que sa moelle se remette en état de fonctionner et fabriquent à nouveau des globules rouges. Elle aura une chance sur 2 de s’en sortir. Surveillance accrue et nourriture très riche et vitaminée. Aucun effort, repos total.
Taux en dessous de 25 : les chances de survie de la furette sont quasi nulles.

Les causes de l’aplasie :
Elles seraient génétiques. On considère que certaines furettes ont quand même des cycles de chaleurs (certaines survivent à leur 1 ou 2 premières années sans avoir été stérilisées mais rares sont celles passant la 3ème année), mais elles sont très peu. Le vérifier, c’est jouer à la roulette russe ! C’est un défaut du furet, on ne peut pas faire grand-chose pour le supprimer, il faut faire avec. Ils fonctionnent comme ça.


Les CHALEURS CACHÉES

Alors ça c'est une vraie saleté ! c'est une vraie bombe à retardement qu'on ne voit pas ! ô joie ô bonheur !
C'est quand la furette est en chaleurs mais que ça ne se voit pas, tout simplement.
Mais là vous me direz : mais pourquoi ça ne se voit pas ? ça n'a pas de sens !
Et bien si, ça en a si la furette n'est pas stérilisée par chirurgie (qu'elle est entière comme on dit, car on ne lui a rien "enlevé") et qu'elle est implantée : l'implant va cacher le retour des chaleurs pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois et quand vous allez vous rendre compte que votre furette est en chaleur, en fait elle est en chaleurs avancées, et elle peut même tomber en aplasie directement sans que vous ne vous rendiez compte de rien.
Donc là il faut suivre le même protocole que pour les furettes en aplasie. Et croiser les doigts.
Évidemment ne surtout pas ré-implanter la furette dans ces cas-là. Sinon ça va l'achever, tout simplement.


Pourquoi il ne faut JAMAIS poser d’implant sur une furette en aplasie ou en chaleurs avancées :
- L’aplasie est due à un dépassement du pic hormonal « normal » chez la furette. Elle se déclenche quand il y a trop d’œstrogènes dans son sang.
- L’implant provoque un pic hormonal 2 à 6 semaines après sa pose. Car l’implant ce sont des hormones justement et il va stimuler le système hormonal au début pour ensuite le mettre en veille.
- Lorsqu’il y a un risque d’aplasie (cas de chaleurs avancées) ou que l’aplasie est déjà déclenchée, le seul moyen de soigner l’animal est de faire redescendre au plus vite ce taux hormonal.

- Tout ce qui augmentera ce taux d’œstrogènes mettra sa vie en danger. Et le pic hormonal de l’implant est très important, c’est pas un petit pic, c’est un gros gros pic ! Donc il est possible qu’en mettant un implant à une furette en chaleurs avancées, cela provoque une aplasie médullaire car on aura dépassé le taux fatidique d’hormones dans le sang. Il faudra alors faire stériliser l’animal par chirurgie dans les 48h et surtout lui faire retirer l’implant en même temps ! Absolument, sinon vous signez son arrêt de mort.

- Le gros implant (celui de 9mg) est forcément encore plus dangereux car le pic hormonal intervient 4 semaines après la pose de l’implant et les hormones se retrouvent à un taux normal seulement 8 semaines après la pose. Cela fait 2 mois ! 2 mois en chaleurs imaginez-vous ! c’est comme si vous aviez attendu 2 mois avant de faire stériliser la furette en chaleurs depuis on ne sait pas combien de temps, ça n’a pas de sens tout simplement, puisque le maitre-mot du traitement de l’aplasie c’est : faire redescendre les hormones en toute urgence !



LE PROTOCOLE DE L’ASSOCIATION

Les femelles sont stérilisées :
- par ovario-hystérectomie sous anesthésie gazeuse
- dès le début de leurs chaleurs (dans les 10 premiers jours pour leur garantir une sécurité lors de l'opération et éviter les risques hémorragiques)
- pour les furettes arrivées en chaleurs et dont on ne sait pas depuis combien de temps : le plus rapidement possible (sous 7 jours et si ça peut être fait sous 48h c'est l'idéal : une aplasie ça se déclenche du jour au lendemain)

Sur les furettes en chaleurs :
- Jamais de piqure stop-chaleurs (cela précipite le risque d'aplasie médullaire et ça ne stoppe pas les chaleurs du tout)
- Jamais d'implant : que ce soit le petit ou le gros c'est dangereux pour les furettes d'avoir un implant quand elles sont en chaleurs - et selon le labo, on vient d'apprendre qu'en fait l'implant c'est dangereux tout court pour les furettes non stérilisées par chirurgie...
- Jamais de vaccination pendant les chaleurs : si elles sont en chaleurs avancées le vaccin risque de fatiguer le système immunitaire et de déclencher l'aplasie médullaire. Il faut donc attendre que la vulve soit rétractée après la stérilisation.
- Jamais d’anti-douleurs (type Métacam) autre que de la morphine : sinon cela met le système immunitaire en veille (il ne fonctionne plus) et donc la furette se retrouve plus faible encore et elle ne va pas guérir !
- Jamais de cortisone (type Microsolone) : la cortisone empêche une cicatrisation correcte (on veut qu’elle guérisse le plus vite possible !)
- Jamais d’antibiotiques sauf si c’est vital et parfaitement nécessaire – mais aucun traitement antibiotique « préventif » : les antibiotiques détruisent la flore intestinale et donc l’animal ne pourra pas assimiler ce qu’il mange et ce qu’on veut c’est qu’il reprenne des forces de toute urgence !

A l'association, un implant ne peut être posé sur une furette que si elle est atteinte d'une maladie des surrénales, pour la soigner mais seulement pour ça ! On recommande par contre à nos adoptants et adhérents d’implanter leurs furettes avec le petit implant, un an après leur stérilisation chirurgicale, pour protéger leurs glandes surrénales et éviter un cancer des surrénales. Pour cela c’est très efficace.



LES RECOMMANDATIONS DU LABORATOIRE VIRBAC (fabricant de l’implant Suprélorin)
- L'implant n'a l'AMM (autorisation de mise sur le marché) que pour les mâles (chiens, chats et furets).
- L'AMM n'existe pas pour la furette, car impossible pour eux de confirmer qu'il n'y a aucun risque pour la femelle, et vu que l'AMM n'a pas été donné, c'est qu'il y a des risques niveau santé.
- Il ne faut donc normalement pas implanter une femelle, c'est le vétérinaire qui prend le risque et décide d’implanter ou non. D'ailleurs on peut retrouver cette info sur plusieurs sites vétérinaires. La décision se prend au cas par cas par le vétérinaire.
- Ne jamais implanter une femelle en chaleur de plus de dix jours car cela est dangereux pour elle, et peut provoquer des problèmes médicaux.
(Source : Fany Lang, présidente du C.F.A.F.)

L’implant Suprélorin a l’AMM pour les furets mâles (ainsi que les chiens mâles et les chats mâles), donc pour eux il n’y a aucun souci, on peut leur en mettre pour les stériliser. Mais pas pour les femelles (ni furette, ni chatte, ni chienne).

Les effets secondaires de l'implant sur les furettes non stérilisées par chirurgie :

- pseudo-gestation
- hausse du taux d'oestrogènes et risque d'aplasie médullaire
- infections de l'utérus
- kystes ovariens et utérins
- lactation
- kystes ou inflammation ou infection des mamelles

A NOTER
- il existe des cas de furets atteints de cancer des surrénales, alors qu’ils n’ont jamais été stérilisés par chirurgie et qu’ils étaient implantés
- il ne faut JAMAIS poser un nouvel implant, tant que l’ancien n’est pas fini et que l’animal n’a pas eu un total retour de rut (testicules visibles et descendus pour les mâles). Cela pourrait entraîner une surdose hormonale dangereuse pour les surrénales ! On ne parlera pas des femelles bien entendu puisqu’elles ne doivent pas être implantées sans avoir préalablement été stérilisées par chirurgie.
- Pour les femelles l'implant peut être utilisé sans risque sur les furettes déjà stérilisées pour prévenir une maladie des surrénales ou juguler une maladie des surrénales déjà déclarée. Et seulement pour cela.

L’implant est donc à utiliser avec intelligence.

Et pour les furettes en chaleurs avancées, il n’y a aucune question à se poser c’est la chirurgie et rien d’autre !


Muriel Chevalier, Présidente des Fufus de l’Ouest
president@fufusdelouest.com

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Re: Les furettes en chaleurs, l'aplasie médullaire et l'implant

Messagepar titounette » 27 nov. 2023, 13:15

Pour info, voici la notice de l'implant qui précise bien que seule la pose sur chien mâle et furet mâle pubères a été étudiée par le laboratoire et donc est conseillée par le laboratoire :

Ils précisent également ""La sécurité suite à des implantations répétées de Suprelorin n’a pas été étudiée chez les furets". Donc on rappelle que même sur les mâles c'est un implant une fois dans la vie, et c'est tout.
Ce sont également les recommandations du Ministère de l'Agriculture (info obtenue lors de la mise à jour de l'ACACED en novembre 2023 : un implant une seule fois sur les mâles seulement).

https://www.ema.europa.eu/en/documents/ ... ion_fr.pdf


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