Les furets colonisateurs

[lola bichon]

Les furets colonisateurs

Suite à la lecture d’un roman fort sympathique et fort intéressant que des amis m’ont offert (Les furets de Mr Allbones, de Fiona Farell, éd. Fayard), il me paraissait important de revenir sur cette facette de l’histoire de nos chers petits poilus à travers le Monde.

Un livre sur les furets
Ce livre se déroule à la fin de l’époque victorienne en Angleterre. Un jeune homme pauvre, Walter Allbones, doit subvenir aux besoins de sa jeune sœur et de son petit frère. Il multiplie les petits travaux et nourrit sa famille grâce au braconnage qu’il pratique avec ses furets. C’est un véritable connaisseur et un humble admirateur des mustélidés en général. Un soir, alors qu’il chasse des lapins avec sa furette préférée, Pinky, il fait la rencontre d’un bourgeois d’âge mur et de sa petite fille. Ce monsieur va lui proposer ensuite de récolter pour lui plusieurs centaines de furets et de les emmener en Nouvelle-Zélande pour débarrasser le pays du fléau des lapins qui détruisent tout sur ce nouveau territoire où ils ont été malencontreusement introduits, sans réel prédateur naturel.

C’est un roman mais basé en partie sur une histoire vraie, la réelle collecte de plusieurs centaines de furets, hermines et belettes pour tenter d’enrayer la prolifération des lapins en Nouvelle-Zélande. L’auteur s’est vraiment bien documentée sur les habitudes de nos chers petits furets, et ses descriptions sont vraiment réalistes. Les furets sont vraiment au centre de l’histoire, et Walter Allbones les traite avec respect et affection.

C’est un livre que je conseille à tout amateur de furets !



Petit rappel historique

Pour en revenir à l’Histoire des furets, ils ont été créés autour du bassin méditerranéen, on ne sait pas exactement où ni exactement quand, mais à peu près aux alentours du 4ème siècle avant Jésus Christ sur les territoires de l’Égypte ancienne, puisqu’on a retrouvé des traces de furets dans des fouilles sur cette zone. Le furet a donc été domestiqué avant le chat. Il servait à chasser les rongeurs et les reptiles.

Très rapidement les humains se sont aperçus de la redoutable efficacité de ce nouveau petit prédateur domestique. Ils l’ont donc amené partout avec eux, étant petit il se transportait facilement. Le furet a donc conquis le Monde entier au fur et à mesure des conquêtes de ses propriétaires colons.

Ainsi le furet a débarqué sur les côtes américaines en même temps que Christophe Colomb et ses équipages de caravelles. En effet à l’époque, on embarquait des furets sur les bateaux pour pouvoir dératiser le bateau au fur et à mesure de la traversée, et pour pouvoir chasser une fois arrivés à Terre. Les chiens étant trop encombrants à transporter et trop voraces à nourrir pour de longues expéditions.

Le furet, petit colon à travers le Monde

Et puis évidemment, le furet a été appelé à la rescousse pour tenter de régler le problème des lapins en Nouvelle-Zélande. Quand les occidentaux ont conquis la Nouvelle-Zélande ils ont eu la mauvaise idée d’amener des lapins (pour se nourrir certainement), mais les lapins se sont extrêmement bien plu sur cette nouvelle terre, et en plus ils n’ont rencontré quasi aucun prédateur naturel.

Connaissant la vitesse de reproduction de ces animaux, vous pouvez imaginer l’ampleur des dégâts en très peu de temps, ils ravageaient absolument tout : les plantations évidemment mais aussi les maisons et en plus ils menaçaient énormément l’éco-système local. Les colons ont donc eu l’idée d’introduire le prédateur naturellement très efficace du lapin : le furet, le putois et leurs cousines, hermines et belettes.

Mais cela n’a pas complètement réglé le souci car nos chers mustélidés ont aussi trouvé cette île tout à fait à leur goût, et se sont plus nourris des petits rongeurs locaux qui ne se méfiaient pas d’eux, plutôt que des lapins qui les fuyaient naturellement comme la peste !

Il en est découlé une espèce de furet sauvage, la seule au Monde : le furet dit « marron » qui vit en Nouvelle-Zélande. Il semblerait en réalité que ce soit des croisements furets-putois. Ils sont totalement sauvages et totalement carnivores. Ils se nourrissent de petits mammifères (lagomorphes et rongeurs), d’œufs et d’oiseaux, d’amphibiens, de petits reptiles et parfois de poissons.

On les appelle furets « marrons », non pas à cause de leur couleur, qui n’est pas forcément marron d’ailleurs, mais cela vient du terme marronnage qui désigne un animal domestique retourné à l’état sauvage, on peut dire aussi furet féral ou parler de population haret de furet. Ces trois mots sont synonymes. Le terme marron était aussi employé pour désigner, jadis, un esclave d’origine africaine qui avait pris la fuite en Amérique et aux Antilles (d’où l’expression de « nègre marron »). Je vous avoue que cette explication me retourne l’esprit mais démontre bien l’état d’esprit des « blancs » propriétaires de « nègres » de l’époque… ceci étant un autre débat.

C’est la seule population de furets vivant à l’état sauvage réellement et totalement. En 2001 (dernière source que j’ai trouvée), la population de furets sauvages en Nouvelle-Zélande était estimée à environ 1 million d’individus ! Aucune autre population de Mustela Putorius Furo n’a réussi à survivre à l’état sauvage ailleurs dans le Monde. On ne connait pas les raisons de cette adaptation du furet au milieu naturel néo-zélandais, mais ce qu’on sait c’est que cela a été une véritable catastrophe pour la faune naturelle locale.

On parle souvent aussi des furets aux Pieds Noirs d’Amérique du Nord mais eux, ne sont pas des Mustela Putorius Furo comme nos furets de compagnie, mais une sous-espèce du furet, c’est le Mustela nigripes. Il est d’ailleurs en voie d’extinction, hélas.

D’après mes lectures, le furet a conquis le monde entier, sauf les pôles !

Titounette

[Lankou]

En lisant le titre, j'avais imaginé des furets en vaisseau spatial qui débarquent dans des nouveaux systèmes et qui plantent un petit drapeau
Je suis trés décu !

J'ai des amis Réunionnais qui m'ont parlé des marrons justement donc je pourrai ramener le sujet au furet marron dorénavant

[titounette]

oui il y avait les "neg'marrons" (qui a donné le nom d'un groupe de musique quand j'étais adolescente) car dans l'esprit fort dérangé de l'homme blanc chrétien du 16ème au 20ème siècle, utiliser un terme pour désigner le retour à l'état sauvage d'un animal, ne les dérangeait absolument pas pour désigner une personne réduite en esclavage et qui recouvrait la liberté...