La danse de la guerre

lola bichon
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La danse de la guerre

Messagepar lola bichon » 02 juin 2025, 18:07

La danse de la guerre

Bien que le furet soit un animal exclusivement domestique il reste dans sa nature et son comportement quelques caractéristiques de prédation sauvage dont cette fameuse «danse de la guerre » appelée aussi « weasel war danse » car elle est plus fréquemment observée chez les belettes (weasel) moins timides que les autres congénères mustélidés.


Nos petits compagnons ont parfois un pète au casque, ils se comportent d’un seul coup comme des fous en faisant une petite chorégraphie aléatoire à mi-chemin entre une danse clownesque et une attaque en règle.

Ils virevoltent dans tous les sens, alternant cabrioles - marche avant - marche arrière - courbant leur long corps souple comme de petits serpents énervés ramassés sur eux-mêmes. Ils sont là, la gueule ouverte, jetant la tête de tous les côtés en sautillant et en nous regardant avec une lueur indescriptible dans les yeux : mélange de joie intense, de malice et de détermination.

Aussitôt c’est une véritable furie de poil qui tourbillonne dans la maison et selon un parcours extrêmement désordonné de prime abord. Un grand moment pour nous, éternellement surpris on prend plaisir à les voir voltiger dans tous les sens. On est tenté de les attraper pour participer mais c’est souvent la crise quand on essaie de les toucher ou de les bloquer, ils deviennent alors encore plus fous, presque de petits diables avec des poutpouts au summum de l’excitation. A ce moment-là, ils ont la queue hérissée comme un balai-brosse, le dos courbé, se tortillant tel un ver coupé et les petits plis dodus faisant jouer l’ordre du pelage au gré des bonds. Les petits cris de joie des enfants ou nos rires entretiennent d’autant plus ce moment de partage très spécial.
Parfois, pendant ce moment de folie, ils décrivent des cercles à la vitesse lumière autour de leur cible de jeu, se cachent pour ressortir rapidement en s’approchant de nous de manière très entreprenante et puis, à la dernière minute : pfuit ! ils font volte-face à 180°. Dans leur course ils nous évitent de justesse, après un petit coup de truffe ou un coup de croc pour le jouet ciblé, mais c’est souvent moins précis concernant les pieds de table, les bas de porte, une porte vitrée, les murs, la limite du matelas…

La plupart du temps c’est plutôt comique mais il arrive qu’ils se fassent mal dans ce genre de jeu, notamment en chutant car cela leur prend à des moments très inattendus comme un câlin dans les bras, une petite exploration sur une table ou sur le lit.

Qui n’a pas déjà dû rattraper de justesse son furet car celui-ci est devenu fou sans prévenir manquant de tomber de très haut ? En général, on reste un peu partagé la première fois que cela arrive : est-ce qu’il est en train de me faire une parade ? M’attaquer ? Pourquoi il fait ça tout seul là-bas ? Il y a un fantôme chez moi ou quoi ? Car cela leur prend parfois lorsqu’ils sont totalement seuls dans un coin, un couloir, alors on arrive inquiet pour les découvrir en train de jouer avec un ami imaginaire, souvent une ombre, une plume, une mouche ou un courant d’air chargé d’information. Mais, qui sait, peut-être aussi des fantômes ! Alors on rigole et on reste là, béat, un peu hypnotisé par cette chorégraphie tordue, ou accourant avec l’appareil photo pour arriver trop tard. Les causes sont diverses : un frôlement de tissu, un petit craquement émoustillant, un jouet, nos mains mais aussi lorsque c’est l’heure du poussin ou encore de la toilette du matin.

Lors de la distribution de poussin certains furets semblent avoir besoin de recréer ce moment pour s’ouvrir l’appétit. Notre petite Didi par exemple en fait tout un cinéma. Elle commence par venir tester la tête du poussin avec ses dents, le duvet lui chatouille la truffe et la fait sauter partout autour du poussin. Elle va ensuite se cacher dans son dodo pour ressortir immédiatement attaquant la proie cachée juste derrière sa couverture, elle l’observe, à l’abri derrière son dodo et lui assène des petites morsures furtives, histoire de s’assurer que celle-ci ne ripostera pas. Elle termine souvent par une roulade sur le dos en se tortillant le ventre à l’air et les pattes en l’air avant de s’installer pour manger son poussin, les yeux fermés et humides de satisfaction.

Ce phénomène, commun à tous les furets de compagnie n’est pas anodin, c’est bel et bien un jeu mais aussi les vestiges bien conservés d’une stratégie de chasse spécifique de certains mustélidés.

En effet, la danse de la guerre, généralement observée chez les belettes et les hermines, est régulièrement reportée dans la littérature par les spécialistes du comportement de prédation de la faune sauvage et également très documentée sous forme de vidéos et d’images. Concernant le putois, cela reste peu documenté, probablement parce que ce dernier est particulièrement discret comparé à ses congénères, ce qui rend l’observation en milieu naturel beaucoup plus délicate. Cette attitude est destinée à la chasse en solitaire de la belette et de l’hermine. Les bondissements et parcours étranges sont censés perturber la proie sur le plan auditif et visuel.

En toute saison et particulièrement sous la neige, cette série de petits bondissements et courses rapides vont déranger et intriguer les rongeurs et lagomorphes qui vaquent à leurs activités dans leurs terriers ou cachés sous la neige. Perturbés et inquiets ils ne pourront s’empêcher de sortir la tête du trou pour y distinguer un petit éclair virevoltant, un pauvre bougre atteint d’un mal étrange.
Les autres prédateurs de la faune sauvage, comme les rapaces, sont coutumiers de cette petite danse : lorsque l’hermine exécute sa danse, ils observent tranquillement, attendent que les proies sortent de leur trou et profite du travail fait par l’hermine pour se nourrir.

Une fois la proie en vue, cette petite danse faite autour d’elle va plonger cette dernière dans une confusion extrême, une sorte d’hypnose car la proie va chercher instinctivement à suivre du regard cette furie bien trop rapide et se laisser approcher, bousculer par de sournois petits coups de dents. La proie finira par se sentir perdue et épuisée par son activité de spectateur incrédule. A cet instant, le chasseur mettra fin à sa chorégraphie infernale pour fondre sur la carotide de l’animal, verrouiller et tuer. Le chasseur épuisé lui aussi l’emmènera dans un petit endroit calme et secret pour se restaurer de toutes ces calories perdues de la même manière que nos petits furets qui filent ventre à terre planquer le poussin dans des endroits sombres et encombrés.

Voilà donc ce que semble reproduire nos petits furets à la maison. Et comme tout prédateur qui se respecte : les gestuelles propres à la chasse font aussi partie des moments de « jeux » entre congénères. Une manière de se défouler tout en peaufinant la méthode. Apprendre en s’amusant, il n’y a pas plus efficace.


Flochoncidou.

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