L’anesthésie du furet
D’après la définition d’un dictionnaire, l’anesthésie est «la suppression momentanée, générale ou partielle, de la sensibilité, produite par une maladie ou par certaines substances, telles que l’éther, le chloroforme, etc».
Cette définition, bien que claire est un peu succincte pour comprendre réellement les tenants et aboutissants de cette pratique indispensable à bien des interventions vétérinaires.
Outre le fait de permettre la réalisation d’actes chirurgicaux, l’anesthésie permet, entre autre d’effectuer un geste douloureux pour l’animal, de maîtriser un animal peu coopératif ou de réaliser un examen demandant une immobilité parfaite. Selon les besoins de l’acte, le praticien aura recours à l’une ou l’autre des techniques suivantes :
- Anesthésie locale : permet l’insensibilisation d’une zone par administration locale d’une drogue (collyre, spray, injection). Elle est le plus souvent réservée à des interventions mineures ou en complément d’une anesthésie générale peu profonde.
- Anesthésie régionale : assez peu utilisée chez les animaux de compagnie, on la retrouve plus facilement chez les humains (la fameuse péridurale).
- Anesthésie générale : induit une perte de conscience de l’animal et permet alors la réalisation d’actes plus invasifs.
Nous nous intéresserons ici à l’anesthésie générale gazeuse (dite aussi volatile) puisque c’est celle la plus fréquemment utilisée chez les furets car elle présente moins de risque pour l’animal. En effet, elle est réversible en quelques secondes et permet des anesthésies longues sans injection de produits potentiel-lement toxiques et difficiles à éliminer pour l’animal.
Les finalités de l’anesthésie sont multiples :
- l’analgésie : perte des sensations douloureuses.
- la narcose : perte de conscience.
- la myorelaxation : relâchement des muscles.
- la protection neuro-végétative : évite les réactions incontrôlées de défense de l’organisme face à l’agression que représente l’opération (notamment les tractions sur les viscères).
Comme il n’existe pas d’anesthésique idéal réalisant pleinement ces quatre fonctions, il est souvent nécessaire de choisir judicieusement les drogues à administrer, voire parfois de les associer pour un résultat optimal.
La profondeur de l’anesthésie est directement liée à la quantité de drogues administrée et les vétérinaire distinguent généralement quatre stades de profondeur d’anesthésie :
1. Stade d’analgésie : l’animal pert la sensation douloureuse. C’est un stade facile à atteindre.
2. Stade d’excitation : le pouls est rapide et souvent très irrégulier. On constate souvent de la mydriase (pupille dilatée), la persistance des réflexes cornéen et palpébral (l’oeil se ferme si on effleure la cornée ou les cils), une apnée et une résolution musculaire faible.
3. Stade d’anesthésie (ou chirurgical) qui se décompose en :
- Anesthésie légère : l’animal redevient calme mais les réflexes cornéens et palpébral persiste et indique que l’on ne peut pas encore opérer correctement.
Anesthésie moyenne : l’animal n’ a plus de réaction au pincement de la langue, de la queue et des pelotes plantaires. La bouche s’ouvre sans résistance, l’oeil est en léger myosis (pupille contractée), la respiration est calme et ample. C’est le stade privilégié de l’opération.
-Anesthésie profonde : l’intoxication commence mais ne présente pas encore de gros danger pour l’animal
-Apparition de la cyanose : les muqueuses se colorent en bleue, signe que l’animal manque d’oxygène. Il faut intervenir vite pour ramener l’animal vers des stades moins profonds.
4. Stade de paralysie bulbaire : les centres vitaux de l’organisme sont paralysés. Il faut agir très rapidement car ce stade précède de peu le décès de l’animal.
Le dernier stade peut sembler alarmiste et faire craindre le pire lorsque notre animal doit subir une anesthésie. Fort heureusement, le vétérinaire et ses assistants sont des professionnels aguerris à ces techniques et savent stabiliser l’animal au stade de l’anesthésie moyenne afin d’opérer dans de bonnes conditions.
Les agents anesthésiques volatiles.
Ils permettent de réaliser des anesthésies par inhalation. Ces agents sont principalement exhalés par les poumons et le réveil est assez rapide. Ces anesthésiques sont :
- Éther : très longtemps largement utilisé, l’éther est abandonné du fait d’une part de son caractère inflammable, donc dangereux et d’autre part de la qualité médiocre de l’anesthésie qu’il procure, s’accompagnant d’effets irritants sur l’appareil respiratoire.
- Dioxyde de carbone CO2 : l’utilisation de CO2 en proportion 50/50 avec de l’oxygène peut induire une anesthésie de courte durée indiquée par exemple pour le prélèvement de sang au sinus rétro-orbitaire. Il n’est donc pas utilisé en anesthésie générale. Peu toxique, il constituerait l’anesthésique idéal si son activité était plus forte. Il complète toutes les anesthésies générales, en particulier les anesthésies volatiles. Avec l’oxygène, il constitue la base de tous les mélanges respiratoires administrés aux opérés.
- Halothane : l’halothane a un effet d’activation enzymatique mais seulement si l’application est de plus de 30 à 60 min ; de plus il a une action hépatotoxique (nocif pour le foie).
- Isoflurane : c’est l’anesthésique volatile le plus récent utilisé en médecine vétérinaire. Il présente une plus grande sécurité d’emploi que l’halothane.
L’appareil d’anesthésie volatile.
Le plus souvent, les appareils d’anesthésie volatile sont constitués d’une bouteille de dioxygène, d’une bouteille de protoxyde d’azote dont on gère les débits aux moyens de débimètres. Ces gaz vecteurs ont pour but premier de permettre la respiration de l’animal (avec un léger effet anesthésiant lors de l’emploi de NO2).
Ce mélange de gaz passe ensuite dans un évaporateur : une cuve dans laquelle a été déposé l’anesthésique volatile sous forme liquide. Le gaz se charge alors en vapeurs d’anesthésique et le mélange ainsi constitué passe ensuite dans les poumons de l’animal via la sonde d’intubation (ou le masque lors de l’induction de l’anesthésie).
La concentration en anesthésique est réglable via un dispositif situé sur la cuve.On notera, sur le schéma qui illustre ce propos, la présence d’un ballon : il permet d’éviter toute surpression du mélange mais sert aussi pour ventiler l’animal en cas de problème.
Il y a en outre une cuve contenant de la chaux sodée afin d’absorber la vapeur d’eau ainsi que le gaz carbonique dans le cadre d’une utilisation en circuit fermé.
Le circuit est dit ouvert si l’animal rejette les gaz d’expiration en dehors du circuit, et fermé si les gaz exhalés sont totalement recyclés sur la chaux. Cette dernière technique est bien évidemment plus économique en gaz mais ne présente aucun inconvénient pour l’animal.
Déroulement d’une anesthésie volatile.
L’induction de l’anesthésie chez les petits animaux est le plus souvent réalisée en utilisant une chambre d’induction. Lors d’une induction par masque, la concentration en agent anesthésique est réglée au départ à 0% pour éviter un mouvement de recul de l’animal dû à la détection d’une odeur étrangère.
Dans les deux cas, la concentration est augmentée progressivement toutes les 3 à 4 inspirations jusqu’à un maximum de 4% (dans le cas de l’halothane que nous prendrons ici en exemple).
Lorsque l’anesthésie est suffisante, on réalise alors l’intubation et on passe en phase d’entretien de l’anesthésie. La concentration de gaz inspirés est alors de 0,5% à 2% et elle est modulée en fonction de la réponse de l’animal. Si les fréquences cardiaques et respiratoires augmentent, il convient d’administrer plus d’anesthésique. Au contraire, si elles baissent, la concentration sera diminuée.Environ 10 minutes avant la fin prévue de l’anesthésie, l’administration d’halothane sera arrêtée ainsi que celle du protoxyde d’azote. L’opéré sera alors ventilé avec de l’oxygène pendant 5 à 10 minutes en veillant à éviter l’hyper-oxygénation. Le réveil sera rapide et l’animal sera dès lors en pleine possession de ses moyens.
Après ces quelques explications, vous voilà plus à même de comprendre ce processus ô combien utilisé et mal connu du grand public. Le meilleur moyen de vous rassurer quant à cette pratique reste bien évident le dialogue avec votre vétérinaire qui est aussi là pour vous informer et vous conseiller.
L’anesthésie du furet
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