Les furettes en chaleur : attention danger !
Cette année nous avons déjà recueilli des furettes en chaleurs avancées qui heureusement ont pu être sauvées. Chaque année c’est pareil, encore beaucoup de personnes ne savent pas quel danger courent les furettes qui restent en chaleur. J’espère que cet article pourra sensibiliser nos lecteurs encore une fois.
L’absence de cycle chez les furettes
Les femelles mammifères ont généralement des chaleurs (terme utilisé pour désigner le cycle d’ovulation et de fertilité des femelles) plusieurs fois par an. La femelle devient excitée (sexuellement), sa vulve enfle et souvent son caractère change aussi, puis si elle n’est pas saillie, la période d’ovulation cesse après quelques jours ou au pire quelques semaines, et intervient alors la période de menstruations (la femelle évacue les œufs non fécondés en saignant, c’est ce qu’on appelle les règles). Ensuite elle n’est plus féconde pendant plusieurs semaines jusqu’au prochain cycle.Mais chez la furette il n’y a pas de cycle ou très peu.
Quand une furette tombe en chaleur elle le restera, cela ne va pas partir tout seul : soit cela cessera parce qu’elle aura été saillie, soit parce qu’elle aura été stérilisée, soit pour quelques furettes chanceuses, les chaleurs vont partir au bout de plusieurs mois pour revenir l’année suivante. Une furette sera féconde au bout de 15 jours de chaleurs et le restera de manière efficace pendant encore 2 à 3 semaines. Il faut donc agir vite car le danger guette.
Pour savoir si une furette est en chaleurs, il suffit de surveiller la taille de sa vulve à partir de la fin de l’hiver et quand les jours rallongent (février si la furette vit dans une pièce non chauffée ou à l’extérieur ; ou début janvier si elle vit en appartement, car les jours rallongent à partir du 21 décembre). Les furettes se basent sur la durée du jour, l’intensité du soleil et la température extérieure pour savoir quand le printemps arrive. Leurs chaleurs débutent juste avant le printemps pour pouvoir donner naissance à leurs petits quand le printemps sera là.
C’est très rare mais il arrive que des furettes soient complètement décalées (vie en milieu avec chauffage intense et lumière artificielle et très peu de lumière naturelle) et fassent des chaleurs à n’importe quel moment de l’année. Mais généralement les chaleurs apparaissent entre janvier et mai. Quand une furette n’est pas en chaleurs, sa vulve est toute petite (grosse comme une tête d’épingle) et dès que leurs chaleurs arrivent, elle enfle très vite en l’espace de 2 jours.
Le risque : l’hyper-oestrogénisme ou aplasie médullaire
Quand la furette débute ses chaleurs, son taux d’œstrogène (hormone femelle favorisant la gestation) grimpe dans son sang, ce qui est normal.
Ce qui n’est pas normal c’est que ce taux ne va pas s’arrêter de grimper. C’est ce qui entraîne l’absence de cycle chez la furette, contrairement aux autres femelles mammifères, où leur taux grimpe puis redescend pour finir le cycle.
Chez la furette, le taux va grimper jusqu’à un stade critique. Au bout d’un certain temps de chaleurs, il y aura tellement d’œstrogènes dans le corps de la furette que cela va finir par l’empoisonner (d’où le terme « d’hyper-oestrogénisme » qui veut tout simplement dire « trop d’œstrogènes produits »). Cela va bloquer le bon fonctionnement de sa moelle osseuse et elle ne va plus fabriquer de globules rouges, les cellules sanguines qui transportent l’oxygène et les nutriments dans tout le corps de l’animal, elle va donc s’anémier très vite, jusqu’à la mort. C’est ce qu’on appelle l’aplasie médullaire, ce qui signifie arrêt (-a-) de fonctionnement (-plasie-) de la moelle osseuse (médullaire).
L’aplasie médullaire peut se déclarer à partir de 4 semaines de chaleurs chez la furette et plus la furette reste en chaleurs longtemps, plus elle a de risques de développer cette maladie. On considère qu’à partir de 4 semaines de chaleurs, une furette a 50% de risque d’être atteinte d’aplasie, et plus les semaines avancent, plus le risque augmente.
Ensuite quand l’aplasie est déclarée c’est pareil, plus le temps passe et plus le stade de la maladie va être critique, ça ne va pas se guérir tout seul, si on ne fait rien, c’est la mort assurée de l’animal.
C’est pourquoi on entend souvent des gens dire qu’ils ont eu une furette et qu’elle est morte à 2 ou 3 ans, voire un an. On leur demande alors si elle avait été stérilisée ou si elle avait eu des petits, ce à quoi ils répondent évidemment par la négative.
Une furette ne peut pas rester entière (non stérilisée) sans reproduire, elle a alors moins d’une chance sur 2 de survivre, et chaque année ses chances s’amenuisent… si elle a survécu à ses premières chaleurs, il est peu probable qu’elle survive aux secondes et ainsi de suite…
Symptômes de l’aplasie médullaire
Les premiers symptômes ne sont pas très visibles, si ce n’est que la furette est en chaleurs depuis au moins 4 semaines.
Si la furette est en début d’aplasie, elle manifestera ses symptômes :
• Babines et gencives très pâles (pas roses ni rouges) tirant vers le blanc-gris : signes de l’anémie
• Alopécie : pertes de poils totale sur certaines parties du corps. C’est le signe de l’hyper-oestrogénisme. Ça n’est pas comme dans une mue, où il reste un petit duvet. Là où les poils sont tombés, quand il y a alopécie, la peau est totalement nue. Cela apparait généralement au début sur les hanches de l’animal ainsi que son ventre autour de ses organes génitaux, puis sur les épaules, pour enfin s’étendre sur tout le corps.
Quand l’aplasie est installée, l’animal ne se nourrit plus, la furette est complètement apathique, elle ne bouge plus, n’a plus de force pour rien, elle ne peut plus se lever ni tenir sur ses pattes mais n’a pas d’autres symptômes : pas de douleurs, pas de diarrhées, ni rien, elle est juste totalement épuisée car en anémie la plus totale.
Les différents stades de l’aplasie médullaire et les traitements
Si l’aplasie est prise tout au début, la furette a de grandes chances d’y réchapper. Mais plus l’aplasie sera déclarée et à un stade avancé, moins il sera évident de la sauver, jusqu’à atteindre le stade le plus élevé où là, il n’y aura plus rien à faire. Pour savoir avec certitude à quel stade d’aplasie la furette en est, il faut lui faire un prélèvement sanguin pour doser son taux d’hématocrites (globules rouges) dans le sang.
Si elle est à 50 ou plus, tout va bien, l’aplasie n’a pas encore atteint la moelle osseuse. Si elle est en dessous, cela veut dire que la maladie a commencé son œuvre.
Jusqu’à 40, il suffit de stériliser l’animal par chirurgie en toute urgence en prenant grand soin de retirer ovaires et utérus dans leur intégralité. En effet, un seul petit morceau d’ovaire qui resterait dans le corps de l’animal produirait assez d’hormones pour continuer l’aplasie, tout doucement mais surement, jusqu’à la mort de l’animal. La stérilisation par implant et les piqures anti-chaleurs sont totalement à exclure lorsqu’une furette est en aplasie. En effet, ces dispositifs hormonaux entrainent un grand pic d’œstrogènes quelques jours après leur administration, ce qui a l’inconvénient de provoquer l’effet inverse de celui désiré : on veut faire baisser le taux d’œstrogènes le plus vite possible pour arrêter le phénomène de l’aplasie. Or si on introduit de nouvelles hormones produisant des œstrogènes dans le corps de l’animal, nous allons nous-mêmes provoquer l’aplasie médullaire en stade critique et risquer encore plus la vie de l’animal.
La saillie n’est pas non plus une bonne solution car elle va aussi entrainer un pic hormonal et de plus la fatigue de la saillie et de la gestation risquent d’avoir raison de la santé déjà fragile de la furette, et de la tuer. A ce stade, la furette a encore peu de risques de mourir si la stérilisation a été faite correctement. Il faudra néanmoins la complémenter et bien la nourrir juste après pour lui faire vite reprendre des forces.
A savoir que les hormones mettent environ 15 jours à disparaitre après une stérilisation mais le taux d’hormones commence à diminuer dans les 48h qui suivent la stérilisation chirurgicale. Il faudra donc bien veiller sur elle pendant ces 15 précieux jours.
La vulve de la furette dégonflera dans les 6 à 10 jours après sa stérilisation, signifiant que les chaleurs s’en sont allées pour de bon.
En-dessous de 40 et jusqu’à 25-30, il faudra également stériliser la furette par chirurgie en toute urgence mais aussi lui faire une transfusion de sang de furet (ou au pire de sang de chien) en même temps, pour que son corps puisse recevoir de nouveaux globules rouges en bon état de fonctionnement, qui pourront faire circuler les nutriments et l’oxygène nécessaires à sa convalescence, le temps que sa moelle se débarrasse de tous ces vilains œstrogènes qui l’empoisonnent et qu’elle recommence à produire des globules rouges sains. Il faudra également complémenter la furette avec des nourritures très riches (soupes de convalescence, croquettes riches, carné, vitamines….) pendant les 4 semaines suivant sa stérilisation. A ce stade, l’animal a une chance sur 2 de s’en sortir et de guérir.
En dessous de 25, on peut tenter la stérilisation par chirurgie en urgence et la transfusion sanguine, mais l’animal a moins d’une chance sur 2 de survivre. C’est le stade critique. Évidemment si la furette est tout de même opérée, il faudra qu’elle reste en hospitalisation pendant sa convalescence, pour recevoir d’autres transfusions sanguines ainsi que des nutriments par perfusion et tous les soins qui l’aideront à lutter contre son anémie foudroyante.
Une furette va mourir d’aplasie en quelques jours une fois que la maladie est déclarée (apathie, alopécie, anémie).
Cette maladie est donc très grave, comme vous pouvez le constater. Elle n’est pas à prendre à la légère et chaque année des milliers de furettes meurent d’aplasie sans que personne, autour d’elles, ne sache ce qui se passe.
Les solutions pour éviter l’aplasie médullaire
Il est pourtant si simple d’éviter à nos furettes de tomber en aplasie.
Il suffit pour cela :
• De les stériliser par chirurgie (préférez toujours l’ablation des ovaires ET de l’utérus appelée ovariohystérectomie, à l’ablation simple des ovaires appelée ovariectomie car il y a moins de risques de repousses d’ovaires qui elles aussi peuvent provoquer une aplasie, mais beaucoup moins visible car elle se fera tout doucement, et surtout cela provoque souvent des tumeurs cancéreuses aux ovaires)
• Ou de les faire saillir à chaque retour de chaleurs.
Car faire saillir une furette une fois ne suffit pas à l’immuniser contre l’aplasie médullaire ! On peut aussi la faire saillir une ou plusieurs fois puis la faire stériliser.
La saillie dite « à blanc » (avec un mâle stérile) marche parfois, mais si elle ne marche pas, on a perdu du temps et du temps précieux pour la furette… il vaut donc mieux éviter cela.
Il faut aussi bien prévoir sa saillie car on fait alors courir un risque supplémentaire à sa furette si la saillie ne peut pas avoir lieu. En effet la saillie doit intervenir, si on veut qu’il y ait des bébés, dans les 2 à 4 semaines de chaleurs. Et donc si la saillie ne peut pas avoir lieu pour différentes raisons, on arrive vite aux 4 semaines de chaleurs, date à laquelle la furette commence à risquer sa vie si elle reste en chaleurs ! le timing est alors très mauvais. D’où l’intérêt d’avoir prévu au moins 2 mâles (voire 3) : comme ça, si un n’est pas disponible, on amène vite sa furette à l’autre mâle et on ne se retrouve pas à mettre des annonces sur internet pour trouver n’importe quel mâle avec une furette à 4 semaines de chaleurs !
Les piqures stop-chaleurs sont à éviter absolument car d’une elles ne sont pas du tout efficaces, et de deux, elles provoquent souvent l’effet inverse en renforçant les chaleurs plutôt qu’en les faisant disparaitre, chez les furettes !
Si votre vétérinaire refuse de stériliser votre furette pendant qu’elle est en chaleur c’est la preuve qu’il n’y connait rien. C’est souvent ce qu’on fait pour les chattes et les chiennes, on attend que les chaleurs soient passées pour stériliser l’animal car pendant les chaleurs, l’utérus est très vascularisé (plein de petits et gros vaisseaux sanguins se sont formés autour de l’utérus, prêts à nourrir les futurs bébés) et le risque de perte sanguine est donc plus élevé, c’est normal.
Mais chez la furette, le risque d’aplasie est supérieur au risque d’hémorragie (qui est tout de même extrêmement rare lors d’une stérilisation). Donc si le vétérinaire ne sait pas ça, c’est qu’il n’y connait rien en furets, donc partez très très vite avec votre furette sous le bras et trouvez un autre vétérinaire.
N’hésitez pas à nous contacter par téléphone 06 04 03 59 46 par mail fufus_de_louest@yahoo.fr, nous vous conseillerons un vétérinaire compétent près de chez vous.
Attention tout de même à l’implant !
Un implant hormonal pour stériliser une furette ne doit pas être posé à partir de 7 jours de chaleurs et encore moins après. Il faut le faire poser dans la 1ère semaine. En effet, l’implant provoque un gros pic d’hormones 2 à 6 semaines après sa pose et il faut encore une à 2 semaines pour que la vulve dégonfle et que les chaleurs disparaissent.
Donc si on calcule bien, le pic hormonal de l'implant arrive donc au moment où la furette commence à risquer sa vie en étant en chaleurs, et avec l’implant on lui impose un taux hormonal plus élevé que la normale. Alors imaginez si on pose cet implant sur une furette en chaleurs depuis plus longtemps qu’une semaine, c’est comme la laisser en chaleurs pendant 2 mois et d’attendre de voir ce qui se passera. Le risque est donc encore plus accru. Et oui un implant peut provoquer une aplasie s’il est posé trop tard !
Quand votre furette commence donc ses chaleurs, prenez immédiatement rendez-vous chez le vétérinaire pour lui poser un petit implant si vraiment elle ne peut pas être stérilisée par chirurgie pour des raisons cardiaques par exemple, mais si elle peut être stérilisée par chirurgie, privilégiez cette stérilisation. (raisons détaillées ici : viewtopic.php?t=4977)
Lisez bien cet article, parlez-en autour de vous !
Plus de gens sauront que l’aplasie médullaire existe, moins il y aura de furettes à mourir chaque année, tristement, d’être restées en chaleurs trop longtemps.
Cette maladie c’est vraiment un fléau, les gens ne savent pas que ça existe, les gens ne savent pas que les furettes n’ont pas de cycle de chaleurs, ils pensent pouvoir les laisser entières comme les chattes ou les chiennes sans soucis, mais ça n’est pas du tout le cas ! Alors diffusez !
Et quand on prend une furette, tout bébé, on y réfléchit ! On se demande tout de suite si on la fera reproduire à l’arrivée de ses premières chaleurs et si oui, avec qui (il faut toujours sélectionner au moins 2 mâles, au cas où un n’est pas disponible au moment où il faudra la faire saillir). Il ne faut pas se poser la question le jour où l’on se rend compte que la vulve de sa furette est enflée et que les chaleurs sont là ! Car si la saillie n’est pas déjà planifiée, c’est qu’on n’y connait rien en reproduction de furets, qu’on ne sait pas tout ce que ça implique, et il faut donc faire stériliser sa furette tout de suite pour le bien de tous : de la furette, des futurs furetons à venir, de vous et de nous !
Car une saillie mal préparée c’est aussi des furetons mal placés et donc des futurs furets maltraités ou abandonnés qui arriveront, s’ils ont de la chance, à l’association !
Soyez donc responsables et faites stériliser vos furettes !
Titounette.
Furettes en chaleur
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